haut potentiel et burn-out
Psychologie

Haut potentiel et burn-out : existe-t-il un lien ?

Une personne HPI est souvent très investie dans son travail. D’un autre côté, tout le monde a entendu parler du burn-out. Toutefois, les adultes atypiques ont-ils un risque plus élevé d’en être victime ? Quelles sont les causes de ce syndrome d’épuisement ? Se manifeste-t-il différemment chez les surdoués ? Quelles sont les solutions à mettre en place pour limiter les effets de ce combo ? Dans cet article, je vous explique pourquoi le lien entre le haut potentiel et le burn-out existe réellement.

Quelles sont les particularités d’une personne à haut potentiel intellectuel ?

Une personne à haut potentiel intellectuel est dotée d’un QI supérieur à 130. Cela représente entre 2 et 3 % de la population. Contrairement aux idées reçues, ces individus ne réussissent pas forcément dans le monde du travail. En effet, être HPI, c’est avoir un mode de fonctionnement intellectuel et émotionnel différent du reste de la population. Cet adulte a une capacité à aborder un sujet sur divers angles. C’est pourquoi, ses collègues et sa hiérarchie ont parfois des difficultés à le comprendre. Ce sentiment de décalage peut entraîner certains problèmes au sein de l’entreprise.

Si vous avez un doute vis-à-vis d’un collègue ou d’un collaborateur (ou vous-même), je vous donne quelques caractéristiques du profil HPI. Cette liste n’est pas exhaustive. Et, n’oubliez pas que chaque personne HPI est, malgré tout, différente. C’est pourquoi, Jeanne Siaud-Facchin parle de « zèbre ». Ces caractéristiques sont :

  • une hypersensibilité émotionnelle ;
  • un besoin de mettre du sens dans son activité professionnelle ;
  • une sensibilité à l’injustice ;
  • une suradaptation à son environnement (le fameux faux self) ;
  • un surinvestissement émotionnel ;
  • un cerveau qui fonctionne en arborescence.

Bref, une personne à haut potentiel intellectuel est régulièrement dans l’ « hyper ». De plus, elle est souvent dans le déni de ses ressources qui s’épuisent, d’où un risque accru de burn-out.

Comment définir le burn-out ?

Le burn-out correspond à un syndrome d’épuisement physique, émotionnel et psychique. Il est, en règle générale, lié au travail et au stress. Toutefois, chez une personne HPI, d’autres facteurs de la vie peuvent accentuer l’installation d’un tel état de fatigue. Pour ce faire, il faut, également, tenir compte du stress lié à l’entourage personnel et interpersonnel.

Le burn-out ne doit pas être confondu avec la dépression qui est reconnue comme une maladie. Les symptômes, les causes et les solutions ne sont pas identiques. En revanche, le burn-out engendre parfois une dépression.

haut potentiel et burn-out
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Quelles sont les causes qui peuvent lier haut potentiel et burn-out ?

Les raisons du burn-out chez un adulte à haut potentiel sont multiples. Cependant, certains éléments sont fréquemment mis en avant.

Une surcharge de travail permanente

Un adulte HPI est curieux et a besoin de découvrir constamment de nouvelles choses. Dans le cas contraire, il s’ennuie. Par conséquent, il ne sait pas dire stop et accepte de traiter les tâches les plus complexes. Un manager peut aisément être tenté d’exploiter ce collaborateur qui est très efficace. Cette exploitation n’est pas forcément intentionnelle de la part de la hiérarchie. Néanmoins, le manager a des objectifs et va régulièrement au plus simple pour les atteindre. Il se peut qu’un manager exploite son collaborateur HPI afin de masquer son manque de compétences.

Si votre situation est similaire à cette description, méfiez-vous des propos de votre manager. Il est fort possible qu’il vous fasse croire que seul un travail acharné permet d’atteindre un certain épanouissement personnel. Or, c’est faux !

Ce cerveau, en constante réflexion, consomme beaucoup d’énergie. Le risque d’épuisement est élevé, car les adultes HPI oublient de prendre du temps pour eux après une rude journée de travail.

Le mal-être du HPI dans l’entreprise

Un adulte à haut potentiel accepte une charge de travail conséquente. Comme il est souvent perfectionniste, il se met naturellement la pression pour réaliser ses missions dans le délai imparti. Or, parfois, les objectifs sont trop élevés. Il ne parvient pas à les atteindre malgré sa forte implication.

Dans ce cas, il a tendance à se remettre en cause et à se dévaloriser. Face à cette situation, le risque de dépression est accru surtout si cette situation se produit à plusieurs reprises. La fatigue, liée au burn-out, et la baisse de l’estime de soi accentuent ce risque. Si vous êtes très perfectionniste, il est important que vous preniez du recul sur votre travail.

Les difficultés relationnelles au sein l’entreprise

Dans le monde professionnel, les injustices et les critiques sont courantes. Or, les adultes HPI ne sont pas toujours bien armés face aux collègues qui adoptent de tels comportements. La personne à haut potentiel peut, par ailleurs, avoir un comportement qui est différent des autres personnes de l’entreprise. Cette différence de comportement est susceptible d’être assimilée à de la rébellion. Il est alors perçu, à tort, comme un perturbateur.

Si votre posture gêne vos collègues, n’espérez pas qu’ils s’adaptent à vous. Ils ne savent pas comment faire. Toutefois, ne vous remettez pas en question systématiquement. Dites-vous simplement que vous êtes différent et misez sur vos points forts.

Adulte à haut potentiel et burn-out, quels sont les symptômes ?

Le burn-out, quel que soit votre mode de fonctionnement, présentent des symptômes semblables. En revanche, chez une personne HPI, une différence se porte sur l’expression de ce syndrome d’épuisement.

Les symptômes du burn-out les plus courants

Les signes d’un burn-out sont nombreux, à condition d’y prêter une attention particulière. Les symptômes régulièrement évoqués, sont :

  • des maux physiques (lassitude, trouble du sommeil, etc.) ;
  • un changement comportemental (agitation, apathie, etc.) ;
  • des émotions négatives exacerbées (colère, tristesse, etc.) ;
  • des problèmes cognitifs (perte de mémoire, difficulté de concentration, etc.).

Si vous êtes en situation de burn-out, vous pouvez cumuler ces symptômes, mais avoir, également, le sentiment de brûler de l’intérieur. Votre corps et votre cerveau se consument. Ce ressenti est assez bizarre. Cependant, il est bien réel.

L’expression du burn-out dans le cadre de la douance

Chez une personne HPI, des différences sont notables dans l’expression du burn-out. La phase d’installation du burn-out est souvent longue et sournoise. Sa forte habilité d’adaptation fait qu’elle trouve des moyens de plus en plus complexes pour atteindre ses objectifs.

Les signes d’une intense fatigue sont bien présents, mais elle les occulte (phase de déni). Elle ignore ce sentiment de mal-être qui l’assaille au quotidien et les maux exprimés par son corps. Au travail, même lorsque ses capacités chutent, elles restent à un niveau de performance jugé « normal ». Elle parvient à garder une efficacité acceptable. Même en plein burn-out, vous pouvez puiser dans vos ressources profondes. Soyez attentif.

Haut potentiel et burn-out, comment éviter ce combo et préserver votre bien-être au travail ?

Il est évident que tous les adultes atypiques ne sont pas victimes d’un burn-out. Par ailleurs, il existe des solutions préventives pour limiter le risque de subir cet épuisement professionnel.

Mettre des mots sur ce sentiment de décalage

Il est indispensable d’apprendre à mieux vous connaître. Pour ce faire, la première action à mener est la réalisation d’un test de QI (le WAIS pour un adulte, le WISC pour un enfant). Vous obtiendrez ainsi une réponse officielle concernant votre mode de fonctionnement. Ensuite, il est nécessaire de prendre du temps pour accueillir les résultats et comprendre les enjeux de la douance. Il s’agit de la condition incontournable pour faire de cette différence une force.

Vous préserver émotionnellement

Dans le monde professionnel, l’expression émotionnelle a peu de place. Or, un adulte HPI est souvent très sensible. Il va, donc, essayer de retenir ses émotions. Toutefois, cette action peut engendrer un phénomène d’amplification. Pour une raison fréquemment infime, il va exploser de manière violente pour lui et pour les autres. Pour éviter de vous retrouver dans cette situation, il est nécessaire de trouver l’outil qui vous donnera la possibilité d’exprimer vos émotions et surtout les calmer en douceur. Vous pouvez avoir recours à la sophrologie, à l’hypnose ou à diverses thérapies.

Apprendre à gérer votre énergie

L’adulte à haut potentiel dépense beaucoup d’énergie au quotidien pour réaliser toutes les tâches qui lui incombent. Pour limiter les risques de burn-out, il convient qu’il s’écoute davantage, qu’il accepte la fatigue et qu’il identifie les limites de son corps. Il évitera d’atteindre les seuils de rupture. Sachez que votre corps vous envoie des signes, ne le négligez pas. Autre élément important, prenez le temps de communiquer avec votre hiérarchie de vos difficultés. Apprendre à dire non, ce n’est pas un signe de faiblesse.

Ajuster votre perfectionnisme

La personne HPI est très exigeante envers elle-même et envers les autres. Cependant, elle n’a pas conscience de sa quête de perfection. L’objectif à atteindre lui semble juste « normal ». Assouplir ce besoin de perfection est possible grâce à des thérapies d’acceptation et d’engagement. Ajuster votre perfectionnisme vous offre la possibilité d’en faire une force. Gardez en tête qu’une entreprise apprécie les collaborateurs qui produisent un travail de qualité.

Améliorer votre confiance en vous

Un adulte surdoué évoque souvent un sentiment de décalage par rapport à ses collègues et son manager. Cela provoque parfois un complexe d’infériorité. D’ailleurs, le syndrome de l’imposteur touche régulièrement cette personne atypique. Mettez des mots sur vos maux et identifiez vos points forts. N’ayez plus peur de mettre en avant vos idées.

 

Le lien entre le haut potentiel et le burn-out existe bien. Se reconstruire demande du temps et du courage. Ce n’est pas simple d’accueillir cet état et de faire le nécessaire pour reconnecter le corps et l’esprit. La bienveillance est requise et votre mode de fonctionnement atypique deviendra un cadeau.

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7 commentaires

  • Christine B.

    Bravo Alexandra pour vos articles, très justes et bien documentés

    je me présente brièvement : je suis une senior de 60 ans, à 2 ans de la retraite
    J’ai fait un burn out il y a plus de 6 ans
    je suis en arrêt maladie depuis juin 2019
    Depuis le ciel m’est tombé sur la tête
    Enchainements d’ennuis de santé, des erreurs magistrales dans mes choix, la dépression et l’ENNUI tout court
    J’ai perdu de vue tous les amis rencontrés pendant plus de 30 ans
    pour couronner le tout j’ai depuis peu un diagnostic pour une maladie fort rare, qui ne se guérit pas mais qui se gère,les symptômes sont des douleurs intenses, permanentes
    Je ne sais si je peux continuer à vivre comme ça

    J’ai été diagnostiquée HPI et HQI à l’âge canonique de 48 ans
    Je coche dans toutes les cases !
    Hypersensibilité itou

    Je suispour le moins « contrariée » que la pléthore de psys en tout genre que j’ai consulté toute ma vie ne m’ai point détecté plus tôt
    L’ignorance dans la phère « psy » est désolante

    Carrière professionnelle lamentable, j’ai effectué 35 ans dans un contexte systématiquement toxique
    Fonctionnaire d’état, entrée dans les PTT en 1983, aujourd’hui devenu Orange pour la partie télécommunications
    J’ai occupé des postes sur lesquels j’étais sur qualifiée,mais très varié, c’est déjà ça, de pouvoir le faire en restant dans la même entreprise
    j’ai subi des hiérachies d’une bêtise abyssale
    des collègues paresseux, immatures ( en analyse transactionnelle je crois que ce sont des Enfants Soumis ou Rebelle, selon…et moi Adulte )
    je n’ai jamais connu la reconnaissance, on m’a surtout confié plus de travail puisque j’étais plus performante que tous
    bref je suis ce que j’appellerais « en erreur de casting »
    j’ai changé de postes tous les 2/3 ans, classique de s’ennuyer, et de vouloir aller voir si l’herbe est plus verte ailleurs…
    le pire est de savoir instinctivement que ça va pas le faire, il faut quitter l’entreprise
    je l’ai fait en prenant des congés sans solde, j’ai voyagé,j’ai nourri mon insatiable curiosité
    mais j’ai fini par revenir dans l’entreprise, en France,étant fonctionnaire on ne pouvait me licencier
    Mais quand on a besoin d’un revenu pour payer les factures et que de surcroît on se persuade que personne ne veut de vous ailleurs
    On se dit que « ce n’est qu’un job », « alimentaire »

    Le burn out me semble effectivement plus courant chez les HPI
    Cela m’a notamment été dit par une coach lors d’une réunion entre personnes victimes d’un burn out
    Je n’ai cessé toute ma vie de me sur-adapter, cela m’agrillée (burn out-cramée)
    Bref j’ai « tout fait » pour me mettre dans la mouise,pas écouté l’enfant intérieur etc…

    là bien sûr, vu le contexte et vu mon âge, j’attends la retraite
    qui sera en plus modeste

    voilà j’espère ne point vous avoir « larguée » avec mon esprit en Arborescence

    Christine

    • RedacAlex33

      Merci Christine pour l’intérêt que vous avez porté à mes articles. La reconstruction après un burn out est longue. Prenez soin de vous. Je vous invite à pratiquer/découvrir des activités qui pourront nourrir votre curiosité et vous apporter un certain bien-être.

  • Rose

    Merci pour cet article bien détaillé. Aujourd’hui les conditions de travail se sont tellement dégradées avec une recherche de productivité constante, que les profils atypiques sont au première loge pour le burn-out. Et le pire, dans ce monde impitoyable de l entreprise, c est que les DRH, encore moins les managers, ont une méconnaissance de l hypersensibilité et du hauts potentiel et par conséquent ça fait des dégâts auprès des personnes singulières. Certes, il faut se protéger mais il est incontestable que c est plus facile à dire qu à faire. Bon courage à ceux et celles dans cette situation energivore et donc d épuisement.

    • RedacAlex33

      Merci Rose pour votre commentaire. Il est certain que de nombreuses choses sont à revoir dans le monde de l’entreprise (et pas uniquement dans cette sphère d’ailleurs). Même si c’est plus facile à dire qu’à faire, il faut se donner la priorité (au maximum). En effet, l’entreprise continuera toujours d’avancer sans nous. Bon courage et prenez soin de vous.

    • Delphine

      Bonjour.
      Merci pour votre article.
      Professionel excellent mais débordant. Fatigue. Injustice pro. Burn out. Tout ressort. Le décalage permanent. Les pensées ininterrompues. Premières consultations chez une psy. L’impression de ne pas avancer. On me propose la méditation ou les cachets.
      J’ai besoin d’aide pour trouver un ou une professionel(le) en région parisienne (94) pour m’aiguiller et si besoin me re-tester, me donner des clés et du courage.
      Merci…

    • RedacAlex33

      Bonjour Delphine,
      Il faut du temps avant de constater les bienfaits liés à l’accompagnement d’un psychologue. Il faut surtout que vous vous sentiez à l’aise en sa compagnie afin de pouvoir vous livrer facilement. La méditation peut être une piste pour trouver un peu d’apaisement, mais il existe, également, la sophrologie, le yoga, etc. Les cachets ne sont pas à diaboliser, car ils peuvent servir de béquille le temps de retrouver un certain équilibre. Pour ce faire, seul un professionnel peut vous conseiller (ce qui n’est pas mon cas).
      Je ne peux pas vous aider dans votre recherche d’un professionnel, parce que je n’habite pas votre région et ce qui convient à l’un ne convient pas à l’autre (surtout dans le domaine de la psychologie). Je vous conseille juste de vérifier que le professionnel connaisse bien le domaine du haut potentiel, de la douance.
      Prenez soin de vous et soyez bienveillante envers vous.

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