Haut potentiel et l’orientation scolaire : comment faire ?
Une personne HPI présente certains traits de caractère spécifiques (multipotentiel, perfectionniste, hypersensibilité, sentiment de décalage, etc.). L’adolescence et ses multiples évolutions physiques et émotionnelles, qui concernent tous les jeunes, sont une difficulté complémentaire. C’est pourquoi, l’orientation scolaire peut vite devenir un sujet complexe et anxiogène pour ces élèves HPI. Dans cet article, je vous présente quelles pistes de réflexion pour que le haut potentiel et l’orientation scolaire deviennent davantage fluides.
Le haut potentiel intellectuel : quelques rappels
Le haut potentiel intellectuel n’est pas un handicap. Donc, il ne faut pas parler de diagnostic, mais d’identification. Cette identification est réalisée par un professionnel (psychologue, neuropsychologue) par l’intermédiaire d’un test (WISC V pour les enfants de 6 à 16 ans, WAIS IV à partir de 16 ans).
Une personne est considérée comme HPI dès lors que son quotient intellectuel est supérieur à 130 sur l’échelle de Wechsler. Cela représente 2.3 % de la population.
Toutefois, je tiens à préciser que chaque individu est unique. Il n’existe pas deux zèbres (autre nom utilisé pour évoquer le haut potentiel) identiques. En effet, chacun évolue différemment en fonction de son environnement, ses appétences, ses blessures, ses réussites, etc.
D’ailleurs, six profils d’élèves à haut potentiel intellectuel sont mis en avant.
Haut potentiel et l’orientation scolaire : quels sont les éventuels problèmes ?
Un jeune HPI s’intéresse souvent à des domaines très variés. Or, au moment de l’orientation scolaire, il doit faire un choix. Et là, c’est le stress total. En effet, choisir, c’est renoncer et clairement, il n’en a pas envie. Et surtout, c’est un exercice très difficile pour lui.
À cette première angoisse, voire cette incompréhension ou cette injustice, s’ajoute régulièrement la pression des parents plus ou moins volontaire. Eh oui, nous voulons le mieux pour nos enfants et malheureusement, il nous arrive parfois de confondre nos volontés avec leurs envies. Et eux, comme ils ne veulent pas nous décevoir, ils peuvent s’oublier dans certains cas.
Au-delà des parents, le regard et les avis des autres (profs, amis, voisins, etc.) jouent un rôle important. Nous n’avons pas toujours conscience, nous, adultes, que la pression normative de la société (les « il faut », « on se doit », « attention, si tu ne fais pas ceci, tu ne pourras jamais avoir ceci », etc.) est énorme et quelquefois étouffante. Or, il faut avoir en tête que la société est en évolution.
Les personnes HPI manquent souvent de confiance en elles. Donc, le risque pour votre ado est qu’il s’autosabote en se disant « je ne suis pas assez bon » pour me lancer dans telle formation ou tel parcours professionnel. C’est faux, il pourra réussir, mais cela lui demandera sûrement un effort qu’il n’a pas forcément l’habitude de fournir.
Certains jeunes HPI peuvent également avoir des intérêts plutôt restreints et parfois, ils idéalisent les choses. Pas simple, car il est important d’anticiper un plan B, voire un plan C dans le cadre de l’orientation.
Haut potentiel et l’orientation scolaire de votre ado : comment l’aider ?
En tant que parents, votre rôle est important. Vous avez la possibilité d’aider votre enfant. Cependant, certaines pistes vont vous demander de sortir de votre zone de confort et de travailler sur vos croyances limitantes.
Mettez en avant ses réussites et ses forces
Les HPI ont une certaine clairvoyance et se focalisent sur leurs petites failles qui deviennent très rapidement pour eux d’importants freins. Ils en oublient leurs réussites et leur potentiel.
Pour vos jeunes zèbres, pratiquez le renforcement positif. Bien entendu, il ne s’agit pas d’aller vers la démesure, car cela n’aurait pas l’effet escompté. Par exemple, saluez une action durant laquelle il a dépassé une peur, une performance sportive, les efforts fournis pour atteindre un objectif, etc.
Et pour relativiser un échec, lui rappeler que pour chaque action soit il réussit, soit il apprend.
Apportez-lui de nouvelles possibilités
Pour mener à bien un projet d’orientation, il est important d’avoir une bonne vision du métier rêvé. Pour ce faire, encouragez votre ado à rencontrer des professionnels. Le bénévolat et les stages d’observation sont deux solutions adéquates.
Écoutez-le afin de bien cerner ses envies et aidez-le à prendre conscience que le champ des possibles est grand. En effet, parfois, il peut avoir peur de sortir de sa zone de confort et de découvrir de nouvelles opportunités. C’est dans ce cas précis que vous avez un rôle à jouer.
Faites-lui confiance et laissez-le expérimenter
Cette proposition va vous demander un effort en tant que parents. En effet, il va falloir que vous luttiez contre vos propres craintes et que vous le laissiez faire ses propres choix et se confronter à la réalité.
Pour vous rassurer, sachez que les parcours professionnels linéaires, c’est fini. Vos enfants seront amenés à changer entre 5 et 10 fois de métier durant leur carrière. Il s’agit juste d’un premier choix.
Par conséquent, laissez-le explorer le chemin qui l’attire. Et si un moment donné, il doit chercher un nouveau projet, ayez conscience qu’il a toutes les capacités pour rebondir et développer de nouvelles compétences.
Nous sommes dans une société où tout doit aller vite et qui comporte de nombreuses cases. Or, nous sommes libres de respecter nos besoins et d’aller à notre rythme.
Il existe toujours quelques voies royales lorsqu’on évoque l’orientation scolaire. Or, la plupart des parcours scolaires ne sont plus linéaires aujourd’hui. Pour un même but, plusieurs parcours sont envisageables.
Envisagez un bilan d’orientation scolaire
Le bilan d’orientation scolaire a deux objectifs, à savoir que votre ado apprenne à mieux se connaître et qu’il détermine un projet d’orientation qui lui corresponde.
Afin de bénéficier d’un accompagnement personnalisé, je vous conseille de vous rapprocher d’un conseiller d’orientation scolaire indépendant. Certes, cela représente un coût financier non négligeable, mais il prendra vraiment le temps d’écouter, guider votre enfant et répondre à ses questions. Les PsyEN présents dans les CIO proposent un service gratuit, mais malheureusement, ils ont peu de temps à consacrer à chaque jeune. Dans le secondaire, il y a 1 PsyEN pour 1 100 élèves.
Pour un jeune HPI, c’est l’opportunité de faire le tri entre tous les domaines qui l’intéressent, de mettre en avant ses forces et ses faiblesses. Enfin surtout ses forces qu’il occulte trop facilement. Il pourra identifier la première marche de son futur parcours professionnel. Ainsi, il retrouvera confiance en lui et le travail qu’il devra fournir aura davantage de son sens. N’oubliez pas, le besoin de sens est un élément essentiel pour un individu HPI !
Pour un ado HPI qui sait depuis longtemps ce qu’il veut faire, c’est l’occasion de le conforter dans son choix et lui ôter les doutes qu’il pourrait avoir sur ses capacités. Le doute empoisonne souvent la vie des zèbres.
Il est tout à fait possible de faire en sorte que le haut potentiel et l’orientation scolaire ne soient pas un combo explosif au sein de votre famille. Pour ce faire, voyez les choses sous un angle plus large et faites confiance à votre adolescent. Laissez-le faire ses choix en fonction de sa personnalité et de ses appétences et ne l’obligez pas à choisir une voie pour son prestige.
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